|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Javogues,
représentant en mission dans la Loire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
La
lutte armée contre les " Muscadins "
(royalistes)
- Quelle est la situation lorsque Javogues arrive dans la Loire ? A Montbrison
séjournent 800 muscadins, dont 300 Foréziens, commandés
par La Roche-Négly, dit Rimbert, un noble originaire de la Haute-Loire.
Ils ont effectué un coup de main à Saint-Anthême où
ils ont fait prisonniers les soldats de la garnison et son chef le général
Nicolas, qui sont envoyés à Lyon. La route de Lyon est un enjeu
stratégique important. Le combat de Salvizinet (3 septembre 1793) permet
à Rimbert de bousculer un rassemblement de 3000 paysans favorables à
la République qui tentent de couper cette route. Le combat est sans merci
et une cinquantaine de paysans, réfugiés dans une grange sont
brûlés vifs dans celle-ci.
- La Convention organise la riposte et décide d'envoyer contre Montbrison
deux colonnes chargées de châtier la " petite Vendée
montbrisonnaise ". Une colonne est envoyée de Roanne par Saint-Germain-Laval
et Boën et entre dans la ville le 9 septembre. La garnison "lyonnaise"
l'a évacuée la veille en emmenant, d'ailleurs, comme otages Jeanne
Coignet et Gaspard Javogues, la mère et l'oncle du Représentant
en mission.
- La seconde colonne disposait de 1200 hommes et de quatre pièces d'artillerie.
Elle était dirigée par Claude Javogues lui-même, nommé
Représentant en mission dans le nouveau département de la Loire,
et commandée militairement par l'adjudant général Valette
. Elle passe par Rive-de-Gier (6 août), Saint-Chamond - devenu Val-Rousseau
- et Saint-Etienne - Armeville - le 8 septembre. Le 9 septembre, la colonne
Javogues arrive à marches forcées à Montbrison. Renforcée
de volontaires, elle se dirige sur Montrond pour essayer de rattraper la colonne
de royalistes qui avait déjà quitté Montbrison, Le château
de Montrond fut canonné et incendié. Il y eut aussi de nombreux
morts et prisonniers au combat de Chazelles.
- Pendant que Valette poursuivait les royalistes en direction de Lyon - où
ils purent parvenir -, Javogues revint à Feurs le 13 septembre 1793 où
il installa une nouvelle municipalité puis gagna Montbrison et Saint-Etienne.
Le représentant en mission met alors en place les structures qui lui
permettent ensuite d'exercer son pouvoir. |
|
|
|
Sociétés populaires
en Roannais
extrait de la carte établie par Colin Lucas
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sociétés
populaires et comités de surveillance
Javogues encourage partout la création de sociétés populaires.
On en dénombre 59 pour 237 communes (carte). Les Archives de la Loire
conservent les registres de certaines d'entre elles, dont celle de Montbrison.
On est surpris de voir quelle était dans cette ville royaliste l'importance
des Jacobins : la société populaire avait, en effet, 169 adhérents.
En tête de la liste on trouvait Rambert et Claude Javogues et Jean-Baptiste
Dupuy mais aussi d'autres représentants de la bourgeoisie jacobine
: Chavassieu d'Audebert, Jean-Baptiste Portier, le notaire Bourboulon, le
chirurgien Joseph Levet, le libraire Joseph Bernard - oncle de Martin Bernard,
un républicain de 1848. On trouve donc beaucoup d'hommes de loi mais
aussi des boutiquiers et des artisans : serruriers, cordonniers, menuisiers.
Mais on a aussi des tisserands et des vignerons qui constituent la partie
la plus pauvre de la population. La société populaire tenait
séance dans la chapelle des Pénitents, délibérait
et votait des résolutions, collectait des " dons patriotiques
" pour participer à l'armement des soldats de la République,
délivrait des certificats de civisme et de résidence.
Au sein des sociétés populaires, étaient désignés
des comités de surveillance mais il existe aussi de nombreuses communes
qui ont un comité de surveillance sans avoir de société
populaire : ils sont alors désignés par le Représentant
en mission ou par ses commissaires. On recense alors dans la Loire 92 comités
de surveillance regroupant 237 communes (carte). Le Comité de surveillance
de Montbrison était formé de douze membres et s'installa dans
l'hôtel de Meaux où il occupait deux grandes pièces -
l'une pour ses séances, l'autre pour les archives. Le comité
de surveillance était le " bras armé " de la terreur
: il recevait les dénonciations - ne les examinant que si elles étaient
signées -, délivrait les mandats de perquisitions et les mandats
d'arrêt. Les suspects arrêtés étaient emprisonnés
à Montbrison puis transférés à Feurs. D'autres
prisonniers étaient également transférés de Saint-Etienne
à Feurs
|
 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
La
" taxe sur les riches "
La terreur a aussi des aspects économiques. Devant la gravité
de la situation économique, Javogues institua une " taxe sur les
riches ", nous dirions un impôt sur la fortune. Cette taxe révolutionnaire
" en faveur de l'humanité souffrante " (sic) fut d'abord établie
à Saint-Etienne. Les Stéphanois ayant un revenu supérieur
à 9000 livres et/ou possédant des biens estimés à
plus de 100 000 livres devaient verser le surplus de ces sommes. Ils avaient
vingt-quatre heures pour verser le quart de la somme due. Deux jours plus tard,
la mesure fut étendue à l'ensemble du Département. La mesure
était difficile à appliquer : les contribuables étaient
peu disposés à verser les sommes qui leur étaient réclamées
mais des visites domiciliaires les avaient " encouragés " dans
cette voie. D'autre part, les grandes fortunes étaient surtout constitués
de biens immobiliers et fonciers difficiles à " réaliser
" rapidement. Néanmoins, au début de 1794, un demi-million
de livres avaient été versées. Le reste - la moitié
- ne fut pas réclamé après le départ de Javogues.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le
rappel de Javogues
Claude Javogues avait accumulé les haines contre lui : on ne lui pardonnait
ni le vote de mort du roi, ni les exécutions de Feurs. Sa politique de
déchristianisation avait profondément heurté les consciences.
La taxe sur les riches avait dressé contre lui les nantis. Son exaltation
le faisait redouter dans une population forézienne où la modération
est une tradition. Les plaintes contre Javogues s'accumulaient.
Javogues eut l'imprudence de s'en prendre à Couthon, membre du Comité
de Salut public, ami de Robespierre. Le contentieux entre Javogues et Couthon
était ancien et remontait au siège de Lyon. Après avoir
bénéficié des actions menées au début du
siège par Javogues, Couthon avait eu tendance à s'attribuer tout
le bénéfice moral du succès de l'offensive. Le contentieux
s'était aggravé lorsque les volontaires du Puy-de-Dôme,
envoyés à Montbrison par Maignet avaient prétendu faire
la loi dans une ville qui était le domaine réservé du Représentant
en mission. Bref, une affaire entre Foréziens et Auvergnats, de celles
qui se terminent toujours mal. Pour les Foréziens, les Auvergnats étaient
les "immigrés" de l'époque.
En outre, le Comité de Salut public reprochait à Javogues de ne
pas rendre compte assez régulièrement de son action comme Représentant
en mission. Les accusations violentes de Javogues contre Couthon, transmises
à Paris, suscitèrent l'indignation de la Convention alors que
plusieurs orateurs dénonçaient les méthodes de Javogues
dans la Loire. La Convention voulut faire un exemple. Javogues fut alors rappelé
à Paris, le 8 février 1794. Deux Représentants de Lyon
viennent, sur ordre de la Convention notifier son rappel à Javogues et
font arrêter Duret et Lapalus. Le tribunal de Feurs et l'Armée
révolutionnaire sont dissous.
A la Convention, Javogues dut faire amende honorable vis-à-vis de Couthon
et se réconcilier publiquement avec lui. Il gardait cependant des appuis
dans la Loire. Les sociétés populaires et les municipalités
qu'il avait mises en place pétitionnèrent pour faire rapporter
la mesure de rappel qui l'avait frappé. A Montbrison même, la municipalité
Chaland vota une adresse à la Convention : " Le Représentant
Javogues a toujours manifesté un patriotisme ardent [
] et s'il
a pris des mesures rigoureuses, [c'est] que parce que les circonstances l'exigeaient
pour le salut de la République ". La carrière de Claude Javogues
dans le département de la Loire était cependant terminée.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |